Le cancer du sein est, chez les femmes, la forme de cancer la plus répandue. Une femme sur neuf, au Canada, reçoit au cours de sa vie un tel diagnostic. Il s’agit de la deuxième cause de décès chez les femmes par un cancer et le premier par un cancer chez les femmes qui ne fument pas. Il faut savoir que le cancer du sein n’a pas la même incidence, ni les mêmes répercussions chez toutes les populations de femmes.

Au cours des dix dernières années, la recherche au Canada a démontré que les femmes immigrantes de nombreux pays, particulièrement de l’Est et du Sud-Est de l’Asie, ont un taux d’incidence beaucoup moins élevé dans leur pays d’origine. Cependant à l’intérieur des 10 ans suivant leur arrivée au Canada, le taux d’incidence de ces femmes rejoint celui de la moyenne canadienne.[1]

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La recherche révèle également que de nombreuses femmes immigrantes d’origines diverses ne sont pas familières avec la maladie. Il s’avère que les questions de santé intime ne sont pas abordées dans toutes les cultures. Il s’avère que les questions de santé intime ne sont pas abordées dans toutes les cultures.

Ajoutons que la notion de médecine préventive n’est pas nécessairement bien comprise. De plus, les outils informatifs et éducationnels utilisés au Québec sur le cancer du sein ne reflètent pas les réalités des femmes d’autres origines, et ne répondent pas aux questions sous-jacentes : la méconnaissance du système de santé canadien ou le manque de médecins de famille sont deux exemples.

Les femmes immigrantes peuvent notamment ne pas comprendre comment accéder aux services de santé ou penser qu’elles n’y ont pas droit. [2] Ultimement, elles peuvent ne pas avoir conscience des facteurs qui augmentent les risques de cancer du sein, particulièrement les facteurs d’exposition présents dans l’environnement ou dans les milieux de travail.

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La situation est d’autant plus complexe du fait que les recherches provenant des États-Unis et du Royaume-Uni indiquent que les femmes noires, en particulier, mais également des femmes de d’autres groupes racisés ont, historiquement, des taux d’incidence de cancer du sein moins élevés que les femmes blanches. Elles ont vu leur taux augmenter, reçoivent dans des proportions plus élevées des diagnostics de cancers plus agressifs, et ont donc, des taux de mortalité significativement plus élevés que les femmes blanches.[3]

Il est nécessaire de rejoindre ces femmes pour discuter avec elles de ces enjeux. Elles doivent être informées qu’un élément d’origine ethnique entre en jeu, même s’il n’est pas bien compris par les scientifiques. Ultimement, au Québec, les statistiques révèlent que les femmes ayant des revenus moins élevés et recevant des diagnostics de cancer du sein, ont de pires pronostics que les femmes ayant des revenus dans la moyenne ou supérieurs.[4] Les femmes immigrantes et les femmes des groupes racisés ont souvent des niveaux de revenus beaucoup moins élevés, alors cette réalité doit être considérée.

Pour toutes ces raisons, les femmes qui immigrent au Canada et celles qui font partie d’autres groupes racisés ont des besoins très spécifiques en ce qui concerne le cancer du sein, la réduction du risque ainsi que les services de santé. Aucune initiative n’est faite dans ce sens au Québec actuellement. En plus, des représentant.e.s de différentes communautés immigrantes se sont adressées à nous afin que nous élaborions un programme pour les femmes sur la réalité du cancer du sein au Canada.

À cet effet, nous avons mis au point un programme d’éducation sur le cancer du sein et de réduction des risques spécialement conçu pour les femmes immigrées et appartenant à des groupes racisés afin de leur fournir de l’information de base sur les signes avant-coureurs de la maladie et de leur expliquer différents aspects de la prévention du cancer du sein en tenant compte de leurs réalités culturelle et économique.

Grâce au financement obtenu de la Fondation Saunders-Matthey et de la Fondation Solstice, nous avons pu développer l'atelier, les outils et les vidéos qui forment désormais la base de notre Programme d’éducation sur le cancer du sein pour les femmes immigrées et racisées.

Les ateliers éducatifs sont offerts par Action cancer du sein Québec gratuitement. Cependant, en tant qu'organisme de bienfaisance, nous apprécions beaucoup les dons qui nous permettent de poursuivre et d’amplifier notre travail dans la communauté. Pour demandes des ateliers à offrir hors de la région métropolitaine de Montréal, nous demandons de couvrir les frais de déplacement.


[1] Ginsburg, O.M. and colleagues. A population-based study of ethnicity and breast cancer stage at diagnosis in Ontario. Current Oncology. Vol. 22, No. 2. April 2015. Simspon, Jory, S. Kaleigh Briggs and Ralph George. Breast Cancer Amongst Filipino Migrants : A review of the literature and Ten-Year Institutional Analysis. Journal of Immigrant and Minority Health. Vol. 17, No. 3. June 2015. Pp. 729-736.

[2] Gondek and colleagues. Engaging Immigrant and Refugee Women in Breast Health Education. Journal of Cancer Education. Vol. 30, no. 3. September 2015. Mahamoud, Aziza. Breast Cancer Screening in Racialized Women. Wellesley Institute. February 2014. Nelson, Jennifer and Teresa Macias. Living with a White Disease : Women of Colour and Their Engagement with Breast Cancer Information. University of Toronto. N.D. Vahabi, Mandana. Knowledge, beliefs and information needs of Iranian immigrant women in Toronto regarding breast cancer and screening. Ryerson University. November 2011.

[3] Chen, Lu and Christopher I. Li. Racial Disparities in Breast Cancer Diagnosis and Treatment by Hormone Receptor and HER2 Status. Cancer Epidemiology, Biomarkers and Prevention. October 13, 2015. Copson, E. and colleagues. Ethnicity and outcome of young breast cancer patients in the United Kingdom : The POSH study. Also see, « Young black women less likely to survive breast cancer. » Medical Express News. October 23, 2013. http ://medicalxpress.com/new.2013-10-young-black-women-survive-breast.html. Iqbal, Javaid and colleagues. Differences in breast cancer stage at diagnosis and cancer-specific survival by race and ethnicity in the United States. Journal of the American Medical Association. Vol 313, No.2. January 13, 2015. Redden, Molly. Why is breast cancer becoming deadlier for black women? The Guardian. October 31, 2015.

[4] Agence de la santé et des services sociaux de Montréal. Rapport du directeur de santé publique 2011. Les inégalités sociales de santé à Montréal. Direction de santé publique. 2e édition. 2012.