Le cancer du sein et les inégalités sociales de santé
Pour le cancer du sein, comme pour d’autres maladie, les inégalités sociales de santé ont un impact sur les résultats relatifs à la survie. Selon le Rapport de 2016 sur le rendement du système de lutte contre le cancer, pour le cancer du sein, la survie nette à cinq ans la plus élevée a été constatée chez les populations à revenu élevé. De plus, chez les populations à plus faible revenu, la survie à la suite de la plupart des cancers étudiés était écourtée. Par ailleurs, les patients à plus faible revenu sont moins susceptibles de reconnaître et de faire évaluer leurs symptômes rapidement, ce qui mène à l’établissement d’un diagnostic à un stade plus avancé, lorsque les traitements sont moins efficaces et, en fin de compte, le pronostic moins bon.
Pour ce qui est de la justice en matière de santé des femmes, la Direction de la santé publique de Montréal reconnaît que le cancer du sein est un important exemple de l’effet que l’inégalité sociale peut avoir pour la santé, car les femmes plus démunies ont tendance à avoir un plus faible taux de diagnostic de cancer du sein, mais de plus forts taux de mortalité[7].
De manière générale, l’incidence de cancer du sein (le nombre de femmes recevant un diagnostic de la maladie) reste relativement stable. Cela dit, la prévalence (le nombre de femmes touchées par la maladie) et la mortalité (le nombre de femmes qui en meurent) varient beaucoup d’un groupe de femmes à l’autre. Dans certains groupes, notamment dans certaines populations d’immigrantes récentes, l’incidence du cancer du sein a augmenté de façon importante, et d’autres groupes, notamment les Noires, ont un taux de mortalité anormalement élevé. Il nous faut mieux comprendre ces tendances, en tirer des leçons, et les communiquer aux femmes qui peuvent avoir besoin d’informations précises sur leur santé et sur le dépistage.
Voilà certains des enjeux auxquels se consacre Action cancer du sein du Québec. La population est amplement sensibilisée au cancer du sein. Le moment est venu pour nous de faire réellement avancer le débat en nous attaquant aux questions les plus complexes que soulève cette maladie. À vrai dire, le message de sensibilisation, omniprésent, est une insulte à l’intelligence des femmes, et il a pour effet de saper toute velléité de changement en profondeur. En s’opposant à la recherche fondamentale sur les enjeux environnementaux, tels que le rapport entre le cancer et les PE, des puissants groupes d’intérêt empêchent tout changement au paradigme dominant en matière de réglementation de la toxicité et des substances chimiques, paradigme qui permet la présence d’agents chimiques dans tous les produits jusqu’à ce que l’effet délétère en ait été démontré. Actuellement, les substances chimiques sont autorisées AVANT que leur sécurité pour les humains et pour l’environnement n’ait été démontrée (ce qui est contraire au principe de précaution), et les militants et les chercheurs universitaires doivent lutter pour obtenir le retrait de substances chimiques nocives présentes dans des produits déjà commercialisés. En outre, l’évaluation du risque se fait au cas par cas, une substance chimique à la fois, sans égard aux interactions éventuelles entre les substances, et l’on ne tient habituellement pas compte des données sur l’exposition prolongée ou l’exposition liée à l’âge.
Action cancer du sein du Québec travaille assidûment pour que plus de fonds soient consacrés à la recherche fondamentale sur la prévention du cancer du sein. Nous nous efforçons également de faire connaître les inégalités sociales actuelles qui agissent sur la santé, et leurs impacts pour le cancer du sein, afin de faire de cet enjeu une priorité de santé publique.
Nous collaborons avec un large éventail de groupes dans le but d’éliminer les substances chimiques nuisibles, ou celles dont on soupçonne qu’elles sont dangereuses, de notre environnement. De plus, nous travaillons à la mise en place d’une stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, à l’instar de celle mise au point par le gouvernement français[8].
Assez tergiversé. Nous sommes toutes amplement sensibilisées au cancer du sein — ACSM existe depuis 24 ans. Il faut agir sur les questions difficiles auxquelles nous sommes confrontées. Tout de suite.
[1]Partenariat canadien contre le cancer (2016). Rapport de 2016 sur le rendement du système de lutte contre le cancer. Toronto (Ont.) : Partenariat canadien contre le cancer; juillet 2016. 128 p.
[2]Agence de la santé et des services sociaux de Montréal (2011). Rapport du Directeur de santé publique 2011 : Les inégalités sociales de santé à Montréal. Montréal, Direction de la santé publique. pp. 80-82.