Qu'est-ce que «  l'industrie du cancer »?

Le cancer est tellement présent aujourd'hui qu'il s'est créé toute une industrie autour, comprenant non seulement le personnel du secteur de la santé et les cliniques spécialisées en cancer, mais aussi les manufacturiers des équipements, des appareils et des tests de détection et de traitement, les entreprises pharmaceutiques qui fabriquent les médicaments oncologiques, les organisations de publicité et de relations publiques, les instituts de recherche en cancer, les agences subventionnaires de recherches sur le cancer, etc. Cette «  industrie du cancer » emploie des milliers de personnes et introduit dans l'économie des sommes importantes d'argent, avec comme résultat de détourner l'attention du besoin qui existe toujours de trouver les causes du cancer. ACSQc vous suggère d'être particulièrement vigilantes, vigilants à l'égard des compagnies pharmaceutiques qui font des profits en vendant des médicaments pour traiter le cancer tout en fabriquant par ailleurs des produits chimiques cancérigènes, à l'égard des manufacturiers d'automobiles qui supportent à grands renforts de publicité la recherche sur le cancer cependant que les véhicules qu'ils produisent déversent des émissions cancérigènes dans l'environnement, à l'égard aussi des agences oeuvrant sur le cancer mais qui ignorent ou banalisent les contaminants environnementaux qui nous entourent quotidiennement et qui contiennent des produits cancérigènes potentiels.

Comment a commencé le Mois de la sensibilisation au cancer du sein?

C'est en 1984 que le mois d'octobre a été désigné le Mois de la sensibilisation au cancer du sein, et cette désignation a été promue par une compagnie pharmaceutique — aujourd'hui AstraZeneca — qui fabrique le Tamoxifen. À une époque, AstraZeneca était la propriété d'ICI, une compagnie qui d'une part fabriquait des médicaments contre le cancer du sein et d'autre part profitait de la vente d'un herbicide cancérigène. Aujourd'hui, un nombre croissant de manufacturiers et de détaillants font la promotion de produits signalés par le ruban rose ou vous incitent à participer à des activités pour venir en aide à la recherche sur le cancer du sein. Le plus souvent on retrouve peu d'informations concernant le pourcentage de la vente ou le montant du don qui sera fait ni encore sur la nature de la recherche sur le cancer du sein qui sera réalisée. La très grande majorité des fonds amassés pour financer la recherche sur le cancer du sein ira à l'amélioration des techniques de détection ou de traitement. ACSQc vous recommande de poser des questions avant d'acheter quelconque produit ou de participer à quelconque événement associé à la campagne du ruban rose. De plus, ACSQc vous recommande de faire des dons directement à un organisme actif en recherche sur le cancer du sein tout en stipulant que votre argent soit consacré à de la recherche sur les causes du cancer du sein. (Voir d'autres détails dans Les profits couleur rose.)

Quelle est l'origine du ruban rose?

Au début des années 1990, une grand-mère américaine, Charlotte Haley, a commencé chez elle à faire des rubans couleur pêche, à la main. Sa fille, sa soeur et sa grand-mère avaient toutes eu le cancer du sein. Elle a pris l'initiative de distribuer des milliers de rubans avec des cartes se lisant ainsi : «  L'Institut national du cancer bénéficie d'un budget de 1,8 milliards de dollars. Seulement 5 % de ce montant est alloué à la prévention du cancer. Aidez-nous à réveiller nos législateurs et l'Amérique en portant ce ruban. » La direction de la grande entreprise de cosmétiques, Estée Lauder, et la revue Self ont demandé à Haley la permission d'utiliser ce ruban. Haley leur a refusé, disant que son ruban ne devait pas être commercialisé. Alors la décision fut prise d'y aller avec une autre couleur, et on a choisi la couleur rose. Le ruban pêche de Charlotte Haley fut relégué au second plan par la machine de relations publiques qui fit du ruban rose le symbole reconnu du cancer du sein. L'utilisation du ruban rose s'est répandue. Associer le ruban rose à un produit rehausse l'image du manufacturier, du détaillant ou du commanditaire. Ces derniers génèrent de l'argent, surtout pour eux, et manifestent peu d'intérêt pour ce qui advient de la petite portion qui va aux organismes qui s'occupent du cancer du sein. (Voir d'autres détails dans Les profits couleur rose.)

Devrais-je acheter ce produit «  ruban rose »?

Qui profite de votre achat? Combien d'argent ira aux programmes et aux services de lutte contre le cancer du sein? (Est-ce une proportion du prix de vente? Si oui, quelle proportion? Ou est-ce que le fabricant/détaillant fournit un montant fixe lors de chaque vente?) De quel type de produit s'agit-il? (Les cosmétiques peuvent contenir des produits cancérigènes ou potentiellement cancérigènes. Il en est de même pour les produits de nettoyage domestique. Demeurez vigilantes, vigilants devant de telles pratiques à double tranchant.) Ne vous faites pas exploiter par des entreprises qui se font une belle image à vos dépens. Quelle recherche supporte-t-on? Est-ce que l'argent est destiné à une fondation qui finance des programmes dans d'autres communautés mais pas dans la vôtre? Est-ce que la contribution ira grossir les montants dédiés à la recherche sur la détection et les traitements tandis que la recherche sur les causes du cancer du sein continue à être le parent pauvre?

Pourquoi ACSQc est-il sceptique envers le ruban rose?

Le cancer du sein est devenu l'enfant chéri des corporations canadiennes. Des couvercles de pots de yogourt aux véhicules automobiles, le ruban rose de « sensibilisation » au cancer du sein fait son apparition sur un nombre grandissant de produits. Le cancer du sein est une maladie facile à commercialiser car tout le monde adore penser aux seins, en parler et les regarder. La commercialiser est encore plus facile lorsqu'elle est vue comme une question féministe — sans les aspects politiques.

Qu'est-ce que le marketing social du cancer du sein exactement? Tri-Marketing, une firme de marketing et de publicité canadienne en ligne, définit le marketing social comme « un partenariat entre une compagnie à but lucratif et une compagnie sans but lucratif qui permet d'augmenter les ventes tout en amassant de l'argent et en augmentant la visibilité de la cause. »1 Notez que dans presque toutes les campagnes de marketing social sur le cancer du sein, c'est l'argent des consommateurs qui permet d'amasser des fonds pour la cause, pas celui de l'entreprise. Celle-ci utilise le ruban rose pour attirer l'attention et l'argent des consommateurs tout en augmentant un peu la visibilité de la cause.

Le cancer du sein est un problème de santé publique, et pas seulement un combat personnel. Ceci n'est que la pointe du iceberg rose mais révèle une foule de blessures associés au ruban rose. Le contexte actuel du marketing social du cancer du sein au Canada manque de transparence, de prise de responsabilité, d'un point de vue féministe et de santé publique. Les intérêts corporatifs font « virer au rose » les problèmes politiques qui toutefois deviennent clairs si l'on explore un peu plus la situation. Nos achats ne peuvent malheureusement pas faire disparaître la maladie, même si le marketing social du cancer du sein essaie de nous convaincre du contraire. Ce que nous pouvons faire :

Informez-vous : sur les problèmes et la recherche qui entourent le cancer du sein.
Posez des questions importantes. Envoyez un courriel au téléphonez à une entreprise qui fait du marketing social du cancer du sein et posez des questions de base sur leurs contributions : combien, à qui et pourquoi.
Défiez l'entreprise en lui proposant de faire un don averti et privé pour une cause qui tient à coeur à ses membres, plutôt que de placer un ruban rose sur un produit en vue d'en augmenter les ventes.
Parlez à vos amis. Si vous connaissez quelqu'un qui s'intéresse aux problèmes liés au cancer du sein, parlez-lui des problèmes entourant le marketing social du cancer du sein.
Soutenez votre cause. Au lieu de faire des dons à des corporations douteuses dans le cadre d'une activité inconnue et inaccessible, pourquoi ne pas faire un don directement à un projet de recherche ou à un organisme de cancer du sein qui est important pour vous?
Informez votre fondation de cancer du sein. Si vous pensez que votre fondation de cancer du sein est trop étroitement liée à des activités de marketing social douteuses, dites-le lui.
Participez. Contactez Action cancer du sein de Montréal (www.acsqc.ca) pour savoir comment vous pouvez faire une différence.

Qu'en est-il des diverses activités de levée de fonds pour le cancer du sein, d'après ACSQc?

Avant de vous commettre à supporter une activité de levée de fonds, soit par votre participation soit par la commandite de la participation de quelqu'un d'autre (pour une marche, une course...), demandez où ira l'argent ainsi recueilli. Demandez non seulement quelle portion de l'argent ira pour la cause, mais aussi quels types de programmes ou de recherches seront supportés. Si la réponse ne vous satisfait pas, ou si vous n'aimez pas la réponse, ACSQc vous suggère de contribuer directement à une organisation dont vous appréciez le travail.