Karuna Jaggar, directrice générale, Breast Cancer Action San Francisco

Introduction de Patricia Kearns, conseillère en recherche et en réseautage, ACSQc

Le billet qui suit a été publié sur le blogue de bcaction.org après le colloque sur le cancer du sein qui s’est tenu à San Antonio en 2015. Nous avons cru qu’il vous intéresserait.

Lorsque j’ai reçu mon diagnostic de cancer du sein l’année dernière, je ne connaissais pas le test Oncotype DX®. C’est une amie qui m’en a parlé tout juste avant ma chirurgie. Elle m’a expliqué que la RAMQ couvrait le test pour les femmes admissibles (cancer du sein avec récepteurs hormonaux positifs sans atteinte ganglionnaire). Il s’agit d’un outil aidant à déterminer l’utilité de la chimiothérapie. Je n’étais pas admissible puisque mes ganglions lymphatiques étaient atteints, mais mon oncologue m’a dit que, dans le cas contraire, il aurait accepté de me le faire passer. Un échantillon de tissu mammaire aurait alors été prélevé et envoyé en Californie pour analyse.

Il est encourageant de constater les progrès réalisés dans la mise au point de ce genre de tests et de savoir qu’un jour, les femmes présentant une atteinte ganglionnaire auront également accès à des tests prédictifs. Toutes les femmes devraient pouvoir obtenir le plus d’information possible sur leur état et sur les résultats probables des traitements qui leur sont proposés. Si vous venez d’apprendre que vous avez un cancer du sein, n’hésitez pas à parler de ce test avec votre oncologue. Personne ne devrait être exposé inutilement à une chimiothérapie!

ACS‑Qc détient l’autorisation de reproduire et de traduire ce billet tiré du blogue de bcaction.org, organisme américain d’éducation et de sensibilisation militant pour la justice en santé afin que toutes les femmes atteintes de cancer du sein ou à risque de l’être aient accès aux mêmes soins de santé.

Publié le 14 décembre 2015, par Caitlin C.

Par Karuna Jaggar, directrice générale

Patientes et médecins s’entendent sur le besoin de tests prédictifs de l’utilité de tel ou tel traitement. Depuis plus de dix ans, le test Oncotype DX® de Genomic Health tente d’identifier les femmes atteintes d’un cancer du sein avec récepteurs hormonaux positifs pour qui la chimiothérapie ne serait pas nécessaire. Approuvé par la FDA en 2004, l’Oncotype DX® est devenu le premier test sur le marché à prédire le risque de récidive pour le cancer du sein de stade précoce. Analysant l’activité de 21 gènes présents dans la tumeur afin d’estimer l’utilité d’une thérapie systémique postchirurgie ainsi que le risque de récidive, il permet de prendre des décisions éclairées en matière de traitement. L’Oncotype DX® est généralement considéré comme un indicateur précis du risque de récidive dans les cinq premières années suivant le diagnostic chez les patientes ne présentant pas d’atteinte ganglionnaire.

Depuis, plusieurs autres entreprises ont lancé des tests concurrents, comme le Mammaprint, qui mesure les risques associés aux cancers du sein de stade précoce afin d’orienter les médecins et leurs patientes dans le choix des traitements postchirurgie. Un autre test, l’EndoPredict, mis au point par Sividon Diagnostics, cherche à identifier un sous‑ensemble de patientes ayant suivi une hormonothérapie sur cinq ans et dont le pronostic serait particulièrement favorable jusqu’à dix ans suivant le diagnostic de cancer.

Jeudi dernier, des chercheurs de l’Institute of Cancer Research du Royaume‑Uni ont présenté le fruit de leurs travaux sur le test EndoPredict (EPclin), lequel utilise une combinaison de signatures moléculaires et de mesures plus traditionnelles (taille de la tumeur et présence d’une atteinte ganglionnaire) pour estimer le risque de récidive tardive (entre 5 et 10 ans) après cinq ans d’hormonothérapie seule, chez les patientes atteintes d’un cancer du sein HER2 négatif avec récepteurs hormonaux positifs. Bien que cette étude doive encore être validée, les premiers résultats donnent à penser que le test permet d’identifier un groupe de patientes présentant un pronostic favorable jusqu’à dix ans après le diagnostic, et chez qui la chimiothérapie ne serait donc pas nécessaire. La nouveauté du test EPclin, c’est qu’il intègre données génétiques, atteinte ganglionnaire et taille de la tumeur.

Plus de la moitié de tous les cas à l’étude ont été considérés étant comme à faible risque (59 %), c’est-à-dire que le risque de récidive sur 10 ans était inférieur à 10 % dans ces cas, tandis que les autres (41 %) ont été considérés comme étant à risque élevé — risque de récidive sur 10 ans supérieur à 10 %. Dans les faits, 6 % des patientes du groupe à faible risque du test EPclin ont eu une récidive tardive, comparativement à 10 % des patientes à faible risque du test Oncotype DX®. En ce qui concerne les patientes avec atteinte ganglionnaire, généralement considérées comme étant plus à risque de récidive vu le stade avancé du cancer, les résultats du test EPclin ont aussi surpassé ceux du test Oncotype DX® : seulement 5 % de ces patientes ont eu une récidive, comparativement à 25 % des patientes auxquelles l’Oncotype DX® avait associé un faible risque de récidive.

La présentation qui suivait, ce jeudi matin, portait sur la phase III de l’essai clinique mené par le Southwestern Oncology Group (SWOG), en partenariat avec la firme Genomic Health, et qui tente d’identifier les patientes avec atteinte ganglionnaire chez qui la chimiothérapie pourrait être évitée. La conception de l’essai s’est amorcée en 1988 : on a suivi des femmes ménopausées ayant un cancer du sein avec récepteurs hormonaux positifs et atteinte ganglionnaire auxquelles a été prescrite une hormonothérapie (tamoxifène) soit seule, soit combinée à une chimiothérapie, ce dernier groupe ayant été subdivisé en deux sous-groupes : l’un où les patientes ont commencé la chimiothérapie et l’hormonothérapie simultanément, et l’autre où les traitements ont été consécutifs.

Les chercheurs avaient déjà réussi à valider les scores du test Oncotype DX® pour les patientes avec récepteurs hormonaux positifs sans atteinte ganglionnaire. Durant cette phase, ils analysaient les échantillons de tissu mammaire prélevés 25 années auparavant pour voir si l’analyse des 21 gènes du test Oncotype DX® pourrait aussi s’appliquer dans les cas où il y a atteinte ganglionnaire.

Les chercheurs ont étudié quelque 20 000 gènes pour trouver des configurations prédictives de récidive, en prenant soin de distinguer la période des cinq premières années suivant le diagnostic de celle des cinq années suivantes (5‑10 ans). Des milliers de gènes peuvent être associés à une récidive précoce, mais, d’après les recherches, neuf gènes seulement pouvaient être associés à une récidive survenant entre la cinquième et la dixième année suivant le diagnostic.                                                                                                                                                                                                                           

Les chercheurs étudient les métagènes, qui sont des configurations génétiques, plutôt que les gènes seuls (c’est le cas, par exemple, des groupes de gènes associés à la prolifération de la maladie). On sait déjà que le meilleur marqueur prédictif d’une récidive précoce est le récepteur de l’œstrogène. Les chercheurs ont indiqué qu’il existait cinq métagènes associés à une récidive tardive et trois associés à l’utilité de la chimiothérapie. Bien que l’atteinte ganglionnaire ait une incidence sur le risque de récidive, les chercheurs ont constaté qu’un petit groupe de patientes (environ 10 %) présentant ces cinq métagènes avaient eu un excellent pronostic, malgré la présence d’une atteinte ganglionnaire.

Ces données ne peuvent pas encore être utilisées en clinique, mais on espère que les chercheurs arriveront à mettre au point des tests prédictifs toujours plus performants du risque de récidive et de l’utilité de la chimiothérapie, dans le but d’éviter d’exposer inutilement les patientes à la chimiothérapie.

- Pour en savoir plus sur le sujet, rendez‑vous au http://www.bcaction.org/2015/12/14/sabcs-2015-who-can-skip-chemo-looking-for-answers-in-molecular-signatures/#sthash.Q908MmW9.dpuf