Action cancer du sein du Québec est un organisme féministe axé sur la santé qui se consacre depuis plus d’une trentaine d’années à la prévention du cancer du sein, et tout particulièrement aux facteurs environnementaux de la maladie. ACSQ lutte pour l’élimination des substances toxiques présentes dans les produits de consommation et se préoccupe des questions environnementales ayant un impact sur la santé humaine.

Nos activités de prévention, de promotion et d’éducation populaire tournent autour d’enjeux associés au cancer du sein. Au fil des années, nous les avons diversifiées afin d’y inclure la sensibilisation auprès des jeunes et la lutte contre les inégalités sociales en santé et contre le racisme environnemental.

Notre mission consiste à militer en faveur de l’adoption d’une approche préventive en cancer du sein axée sur l’élimination des toxines environnementales associées à cette maladie. Nous nous efforçons de donner à la population les moyens de susciter par elle-même les changements sociaux nécessaires pour freiner le cancer du sein avant même qu’il ne survienne.

Notre vision est de faire de la prévention du cancer une responsabilité collective plutôt qu’individuelle. Nous travaillons à l’avènement d’une société qui sera en mesure de protéger le plus de gens possible des ravages du cancer du sein et des autres maladies environnementales.

Notre approche féministe intersectionnelle implique de reconnaître la manière dont les identités sociales des personnes peuvent se chevaucher, ce qui crée des expériences de discrimination combinées. Les changements sociaux sont efficaces lorsque nous nous engageons à remettre au centre les voix et réalités des personnes marginalisées. Une posture d’antiracisme est également fortement inscrite dans notre vision et nous ne faisons aucun déni du racisme systémique et de toute politique ou pratique en santé ou liée à l'environnement qui touche différemment ou défavorise des individus, des groupes ou des communautés en raison de leur appartenance à des groupes ethniques ou des communautés précises. 

*************************************************

Quel est le lien entre la défense des droits des patient.es et la santé environnementale?

Un nombre croissant de substances chimiques synthétiques sont utilisées dans la fabrication de presque tous les produits de consommation. Ces substances font désormais partie intégrante de notre environnement intérieur, de nos cosmétiques, de nos produits ménagers, des jouets de nos enfants, de nos contenants de nourriture, de nos meubles et couvre-planchers, de nos ordinateurs, de nos téléphones et de nos appareils ménagers. Des décennies de recherches suggèrent qu’une grande partie de ces substances perturbent les systèmes endocriniens et sont associées au cancer du sein et à d’autres maladies graves.

Qu’est-ce que la prévention primaire?

La prévention primaire, c’est l’élimination des facteurs de risque liés au développement du cancer du sein. Les données probantes montrent bien l’influence du style de vie et des facteurs environnementaux sur l’apparition du cancer du sein (par exemple la consommation d’alcool, le manque d’exercice physique, l’exposition à des substances chimiques dans l’environnement). En éliminant ces facteurs de risque – par la prévention primaire – on contribue à réduire l’incidence de la maladie. Autrement dit, la prévention primaire cherche à éviter complètement l’apparition du cancer du sein. Et c’est exactement ce que nous souhaitons et ce à quoi nous travaillons.

La prévention secondaire ou l’utilisation de tests diagnostiques (par exemple mammographie, IRM, autoexamen des seins) pour détecter des anomalies entre souvent en jeu lorsqu’un cancer du sein est soupçonné. Par ailleurs, bien des personnes découvrent qu’elles ont un cancer du sein dans le cadre du programme québécois de dépistage qui prévoit une mammographie tous les deux ans, qu’il y ait soupçon de cancer ou non. Le dépistage du cancer, même très précoce, n’a rien à voir avec la prévention. Nous ne sommes pas du tout d’accord avec l’idée très répandue selon laquelle il s’agirait de la meilleure forme de prévention du cancer du sein.

Qu’est-ce que le principe de précaution?

Le principe de précaution est un concept priorisant la sécurité qui postule que des mesures préventives doivent être prises dès qu’il existe des raisons scientifiques de croire qu’un procédé ou un produit puisse être dangereux, ou même dès qu’une relation de cause à effet n’est pas bien comprise. Nous encourageons et appuyons l’application du principe de précaution comme ligne directrice dans la réglementation des substances chimiques synthétiques.

Ne sommes-nous pas protégées par la législation canadienne sur l’environnement?

La Loi canadienne sur la protection de l’environnement de 1999 (LCPE) vise à prévenir la pollution et à protéger l’environnement et la santé humaine. Cependant, elle est désuète et ne tient pas compte du fait que nous sommes actuellement exposées à plus d’une centaine de substances toxiques par jour. Nous croyons que l’ensemble de la population canadienne mérite un environnement sain et sécuritaire, et que notre gouvernement fédéral doit agir de toute urgence pour réformer cette législation. À ce titre, nous faisons partie de plusieurs coalitions qui partagent notre objectif.

Et le racisme environnemental?

Le racisme environnemental fait référence à l’exposition disproportionnée des populations autochtones, des communautés racisées et des personnes défavorisées à la pollution et à ses conséquences négatives sur la santé. Ce concept englobe aussi l’inégalité des mesures de protection environnementale prévues pour ces populations vulnérables dans les lois, règlements et programmes, de même que dans leur système d’application et d’élaboration. Le Canada doit reconnaître le racisme environnemental qu’il a honteusement perpétué sur son territoire et veiller à ce que toutes les franges de la population puissent désormais bénéficier équitablement de ses politiques de protection environnementale.

Qu’entend-on par inégalités sociales en santé?

Plusieurs facteurs sociaux peuvent affecter la santé d’une personne : le sexe, l’origine ethnique/le racisme, le revenu, la position sociale et l’accès aux services de santé, entre autres. Les inégalités sociales en santé pèsent lourd sur l’incidence du cancer du sein et d’autres maladies graves. Par exemple, des chercheurs indiquent qu’on a moins tendance à détecter et à évaluer précocement les symptômes des femmes noires et des personnes à faible revenu, comparé au reste de la population. Au moment du diagnostic, la maladie est alors plus avancée, ce qui fait que les traitements sont souvent moins efficaces et le pronostic plus sombre. Les inégalités sociales en santé ne peuvent être combattues individuellement par les personnes qui en sont victimes. Nous sommes d’avis qu’elles peuvent être évitées, et nous faisons la promotion d’actions collectives inspirées des principes de justice sociale pour y remédier.

Et les coûts financiers d’une maladie grave, qu’est-ce qu’on en fait?

La situation financière d’un.e patient.e atteint.e d’une maladie grave se détériore suite à une combinaison de facteurs, notamment la réduction de ses revenus et la hausse de ses dépenses en raison des traitements, des services et des déplacements qui lui sont désormais nécessaires. Il n’y a pas de honte à se retrouver en difficulté financière, et il n’y a certainement pas de honte à demander de l’aide pour s’en sortir. ACSQ travaille avec des partenaires afin d’offrir des outils et de l’information pour aider les personnes dans le besoin à surmonter les difficultés financières causées par la maladie ou un accident. Tout ce qu’il faut savoir à ce sujet se retrouve sur le site internet Coûts de la maladie.

Le prix des médicaments : en quoi est-ce primordial pour les femmes atteintes du cancer du sein?

Parmi les dépenses résultant d’un diagnostic de cancer, on retrouve les frais associés aux traitements qui ne sont pas couverts par la RAMQ. Le prix élevé des médicaments brevetés représente un fardeau économique important pour les Canadien.nes qui ne disposent pas d’une assurance privée couvrant le prix des médicaments d’ordonnance. En outre, ce sont souvent ces mêmes personnes qui occupent les emplois les plus précaires et touchent les revenus les plus faibles au pays. En tant qu’association indépendante pour la défense des droits des patientes, ACSQ s’est engagée à faire baisser le prix des médicaments.

Pourquoi ACSQ n’appuie-t-elle pas le mouvement du ruban rose?

Nous estimons que les sociétés qui s’associent au ruban rose, symbole d’appui à la lutte contre le cancer du sein, alors qu’elles vendent des produits contenant des substances toxiques associées au développement de cette maladie font du pinkwashing (arborent des valeurs de façade). Le terme nous vient de Stacy Malkan, auteure de Not Just a Pretty Face: The Ugly Side of the Beauty Industry. Dans cet ouvrage, la militante définit le pinkwashing comme étant l’attitude des sociétés ou des organisations qui se positionnent elles-mêmes comme des chefs de file dans l’éradication du cancer du sein tout en s’adonnant à des pratiques susceptibles de contribuer à augmenter l’incidence de la maladie.

Dans les dernières décennies, seulement 3 ou 4 % des milliards de dollars recueillis dans le cadre de la vente de produits ou de l’organisation d’activités sous la bannière du ruban rose ont été alloués à la prévention et aux facteurs environnementaux du cancer du sein. Il est temps d’augmenter les fonds consacrés aux liens entre l’environnement et le cancer du sein. Sachant qu’à la moitié du 20e siècle, une femme sur vingt était traitée pour un cancer du sein et qu’à l’heure actuelle, c’est plutôt une femme sur huit, ACSQ axe ses efforts sur les facteurs environnementaux liés à la maladie.

Pourquoi ACSQ n’accepte-t-elle pas les contributions des sociétés pharmaceutiques?

Action cancer du sein du Québec est consciente que l’efficacité de ses travaux d’éducation populaire, de défense des droits et d’établissement de coalitions militantes dépend de sa crédibilité, surtout aux yeux de ses membres et des populations qu’elle sert. Les sources de financement d’une organisation militante peuvent semer le doute sur sa légitimité politique, particulièrement lorsqu’elles entrent en conflit d’intérêts réel ou apparent avec ses activités. Par conséquent, ACSQ n’accepte aucun soutien financier de sociétés dont les produits ou services touchent de près ou de loin le diagnostic ou le traitement du cancer, à sa connaissance.     

*******************************************