
par Rose Alper
Barbara Brenner est décédée sereinement à son domicile de San Francisco le 13 mai 2013, à l’âge de 61 ans. La SLA, maladie neurodégénérative dont elle souffrait, l’a progressivement privée de sa mobilité et de sa voix, mais pas de sa détermination en tant que militante pour la cause de la santé – sa détermination à se faire attendre et à faire bouger les choses, qu’elle exprimait avec vigueur dans son blogue, Healthy Barbs.
C’est à l’âge de 42 ans, alors qu’elle recevait un diagnostic de cancer du sein, que Barbara a commencé son militantisme. Elle a abandonné le droit pour devenir Directrice générale de Breast Cancer Action (San Francisco), un tout petit organisme qui se donnait comme mission de dire la vérité sur le cancer du sein. Réputée pour sa capacité de faire bouger les choses, Barbara a été qualifiée de pitbull de la cause du cancer du sein.
Pour ACSM, Barbara était un mentor et une amie fidèle. Pendant la phase d’expansion de notre organisme, nous étions souvent en contact avec elle – ses observations et ses suggestions étaient des plus précieuses. Par exemple, elle nous a été d’une grande aide lorsque nous avons décidé d’embaucher notre première directrice générale. ACSM a aussi souvent suivi ses orientations et les initiatives de son organisme : Barbara a lancé le concept de prévention primaire en mettant l’accent sur les liens possibles (aujourd’hui probables) entre l’environnement et le cancer, a parlé ouvertement des enjeux liés à la fréquence et à l’utilisation des mammographies et a mis en place la politique consistant à refuser tout financement provenant d’entreprises à qui le cancer profite ou qui nuisent à l’environnement.
Barbara est aussi une des créatrices de la campagne Think Before You Pink et elle a joué un rôle clé dans le documentaire L’industrie du ruban rose de l’ONF. Elle a effectué sa dernière visite à Montréal pour participer au montage du documentaire. J’espérais pouvoir la voir brièvement à ce moment-là; malheureusement cela n’a pas été possible. Sa chère partenaire, Susie Lampert, m’a appelée pour me dire que leur séjour allait être écourté, parce que Barbara était trop malade pour rester plus longtemps.
LE BÉNÉVOLAT : LORSQUE DONNER, C’EST RECEVOIR
Plus tôt dans sa carrière, Barbara a travaillé de nombreuses années comme bénévole pour des sections régionales et le bureau national de la American Civil Liberties Union (ACLU), soit à titre de membre du conseil d’administration, de membre du comité des affaires juridiques, de collectrice de fonds, etc. En décembre 2012, le prix Lola Hanzel, décerné par l’American Civil Liberties Union of Northern California (ACLU-NC) lors de sa célébration annuelle de la journée Bill of Rights, a souligné son courageux militantisme. Voici ce qu’elle a dit (grâce à un logiciel de conversion texte-parole sur son iPad) lors de son discours d’acceptation de prix :
Mon expérience à l’ACLU confirme que lorsqu’on fait du bénévolat, en donnant, on reçoit [. . .]. J’ai tant appris – sur les libertés civiles, sur la justice, sur l’organisation, sur la manière de mener des campagnes efficaces et sur les grands organismes à but non lucratif — et je me suis fait des amis pour la vie. À l’ACLU, j’ai appris comment être une militante efficace. Et j’ai développé des compétences qui m’ont permis d’être une leader efficace dans un autre organisme.
Barbara Brenner était la conférencière lors du premier événement public de BCAM à la mémoire de Lanie Melamed. Lanie m’a dit un jour que, à l’Antioch College, qu’elle a fréquenté, il y avait une plaque sur laquelle on pouvait lire : « Honte à celui qui meurt avant d’avoir remporté une victoire pour l’humanité ». Dans le cas de Barbara Brenner, c’est MISSION ACCOMPLIE.